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Exhibition « A nos Pères », 2013

RELIQUES

Par Bogdan Pavlovic Exposition « A nos Pères », Galerie 2.13pm Paris, 2013

La disparition du père est certainement un moment dans la vie ou l’être doit se confronter avec, d’une part le caractère éphémère de la vie, et de l’autre, avec l’approche de sa propre mort.

En élargissant la notion du mot « relique » (avant réservé à un personnage Saint ou historique) j’ai essayé de trouver le lien entre la vie et  les objets qui ont été utilisés ou crées par trois personnes, dont mon propre père ainsi que ceux de mes amis proches, Eugenio Pozzolini et Jean Deleuze. Il s’agit de photos faites  d’après des assemblages de différents objets ou images suite à une recherche dans les archives héritées de nos pères. Dans ce contexte, la notion « relique » ne concerne  pas un objet en soit mais une relation éphémère et poétique entre différents segments de leurs vie. « Fields of glory » est dédié au père d’Eugenio, Monsieur Pozzolini, qui était vétéran de la deuxième guerre mondiale. Il s’agit ici d’une superposition de son portrait de jeunesse sur un dessin qu’il a réalisé dans son adolescence bien avant la guerre. Cette image est une apologie à un héros méconnu, mais c’est aussi une apologie à l’imagination de notre enfance. Mon père était artiste, historien et critique d’art. De son vivant il a beaucoup aimé utiliser une vielle machine à écrire de marque « Remington ». La photo intitulée « Write me a drawing » lie les deux axes de sa vie professionnelle, artistique et théorique. Elle  représente un de ses dessins des années 60 dans la machine à écrire, qui apparait comme un message ancestral où à la place des signes, ce sont les traits et les formes qui surgissent. Monsieur Deleuze était médecin à Casablanca. Il ne se séparait jamais de son gilet. Bien après sa mort son fils Jean à passé une commande à un photographe pour réaliser une photo de ce gilet. Il s’agit ici d’une photo artistique volontairement surexposé. L’enjeu conceptuel était de  passer  d’un monde artistique basé sur un fait – le gilet, à travers une réalité souligné par le doigt qui montre la photo pour arriver à l’œuvre photographique finale qui englobe les deux. Le point commun des photographies du triptyque « Relics » est la « dématérialisation » des objets qui ont marqué ou accompagné la vie de nos prédécesseurs. A travers un jeu d’association visuelle des faits  matériels  deviennent des clés  poétiques  de lecture de leurs existences.

« A nos pères »

Galerie 2.13 pm, Paris, 2013

Un commissariat de Marie Deparis-Yafil et Brankica Zilovic,

Sur l’invitation de Frédérique Paumier-Moch

Avec : Dalila Dalléas Bouzar, Nathalie Déposé, Sandrine Elberg, Marcell Esterhazy, Dimitri Fagbohoun, Roland Furhmann, Nandan Ghiya, Soheila Golestani, Bogdan Pavlovic, Milica Rakic, Mustapha Sedjal, Michaela Spiegel, Brankica Zilovic

« A nos pères »…Sur nos monuments de commémoration, comme aux épitaphes de nos cimetières, l’hommage au père et l’évocation de la mémoire due à nos ascendants affirment notre attachement, culturel, à l’idée de transmission générationnelle, dans l’Histoire, comme dans l’histoire de notre filiation.

« A nos pères »…morts pour la patrie/ morts au combat… Dans cette formulation, transparaît immédiatement la dualité d’appartenance : l’homme mort pour sa patrie qu’évoquent les monuments publics de commémoration fut aussi père d’enfants dont il nourrit la mémoire, et son histoire, liée à celle de la nation, constitue en même temps l’histoire familiale et personnelle, l’identité de ses descendants.

« A nos pères »…pour ce qu’ils ont vécu et nous ont donné, quelque soit leur histoire. Tous nous sommes fils et filles de…

C’est à partir de cette idée que nous avons voulu mettre en lumière, au travers de l’œuvre, et souvent de l’histoire personnelle, des artistes que nous avons souhaité convier à participer à cette exposition, l’articulation entre histoire collective et histoire familiale, par le prisme de l’évocation d’une figure, celle du père, qui incarne souvent à la fois le lien à la notion de patrie, de pays, d’identité nationale, d’appartenance à une « terre », et l’histoire personnelle, familiale, l’identité individuelle, la filiation, l’héritage et la transmission.

Cette articulation de l’intime et de l’historique, au travers du récit, de la mémoire, de l’hommage, du témoignage, explorée ici dans sa dimension plastique, se glisse dans la double dimension de l’ « objectivité » de l’histoire telle qu’elle est rapportée par les livres et, pour une histoire plus récente, par les médias, et de la subjectivité émotionnelle de l’histoire familiale dans le même temps.

Sans doute l’Histoire est-elle faite d’histoires d’hommes, de femmes, d’enfants, de familles, qui la produisent, en sont le matériau vivant, parfois héroïque, parfois sacrifié, parfois soumis, parfois résistant.

Fils et filles de nos pères, les artistes, avec la singularité de leur sensibilité, et nous tous, poursuivons au travers de leur histoire une quête identitaire historique, culturelle, psychologique, construisons une intimité dans laquelle l’Histoire affleure avec ou malgré nous, même dans l’ombre du secret.

Les artistes présents dans « A nos pères » ont ouverts leurs livres intimes, ont enquêté, tenté de reconstituer leurs histoires malgré les manques et les non-dits, reconstruit les liens qui les tiennent à leurs racines, et ont tous des histoires fascinantes, intimes et universelles à la fois, à nous conter.